Épisode cévenol des 8 et 9 septembre 2002.

 

Prévision du dimanche 8 à 00h TU pour le dimanche 8 à 12h TU:

Par rapport à la veille, la prévision se confirme pour cette échéance. Toujours des isobares orientées sud-nord et le début des pluies sur les Cévennes.

Prévision du dimanche 8 à 00h TU pour le lundi 9 à 00h TU:

Pour cette échéance également, pas de changement par rapport aux prévisions de la veille. Mais on remarque une fois de plus que l'intensité des pluies prévues n'est pas maximale. Or par rapport à ce qu'il s'est réellement passé, on aurait dû avoir la couleur violette. Aucun modèle n'a prévu les intensités qui se sont réellement produites. Mais ces situations sont toujours à surveiller, les "surprises" ne sont pas rares et nous en avons eu la preuve.

Et pour la suite?

Prévision du dimanche 8 à 00h TU pour le lundi 9 à 12h TU:

Ce modèle (MRF) fait persister les pluies encore lundi midi, cela fait 24h de précipitations. Lorsqu'on pense aux intensités qu'elles peuvent atteindre dans cette région, on pouvait s'attendre à des inondations conséquentes. Mais d'autres modèles faisaient évacuer les pluies plus rapidement. Les cartes de préisos de Bracknell (services météo anglais) suivaient MRF (Nogaps, modèle de l'US Navy également), il faisait avancer très lentement le front froid lié à la perturbation. Pendant l'épisode, ce front s'étendait sur la moitié ouest de la France. C'est à l'avant de ce front que se sont organisées les remontées instables sur les Cévennes. Tout le temps que le front ne passe pas sur la région, les pluies persistent. J'y reviendrai plus loin dans ce dossier.

Prévision du dimanche 8 à 00h TU pour le mardi 10 à 00h TU:

Le modèle fait évacuer les pluies. Une petite cellule anticyclonique devait se former de l'Espagne au sud-ouest de la France. Le flux au sol devait donc enfin s'orienter au nord sur le Languedoc, synonyme d'amélioration. En altitude, le flux devait s'orienter à l'ouest, bien moins propice à de fortes pluies sur la région.

Nous allons donc voir qu'hormis l'intensité des pluies, les modèles ont assez bien prévu le phénomène, tant sur sa durée que sur sa localisation. Les modèles s'accordaient pour mettre le plus gros des pluies sur le Gard, au pied des Cévennes... On peut dire "oui c'est bien mais entre 100 et 500mm la différence est grande et les conséquences également". D'accord, mais comme je l'ai dit précédemment, il faut surveiller ce type de situation où il peut y avoir des surprises, aucun modèle météo ne maîtrisant à 100% la prévision de pluies convectives. Je reviendrai sur ce sujet à la fin du dossier avec notamment la culture du risque météo.

Il n'a pas été facile pour moi de prendre une décision pour partir, il me fallait tout de même traverser la France. Mon but, si je partais, était de voir à quoi ressemblait un épisode cévenol, connaître des intensités et des quantités de pluies que nous n'avons pas dans le nord du pays et faire de la photo d'éclairs. Pour ce qui est de la foudre, j'étais quasiment sûr d'en avoir. J'ai tout de même décidé de partir, le fait que les modèles faisaient persister le phénomène ayant sans doute guidé mon choix. Pour un "nordiste" il n'en faut pas beaucoup pour être relativement impressionné, j'étais quasiment sûr de ne pas partir pour rien, mais je ne m'attendais aucunement à vivre ce que j'ai vécu... Ma destination comprenait une zone s'étendant de l'autoroute A9 aux Cévennes, mais je me refusais de m'approcher près des montagnes tout le temps que l'épisode ne serait pas terminé.

Mathieu Barbery

   

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