Étude sur les évolutions de température en altitude sur 11 stations mondiales, de 1971 à 2000

Page: 1  2  3  4  5  6  7  8

Sommaire

4) Corrélations entre les stations européennes de Trappes et Smolensk

Comme je le mentionnais plus haut dans ce dossier, on peut remarquer certaines corrélations entre Trappes en France et Smolensk dans l'ouest de la Russie en ce qui concerne les variations mensuelles:

Sur ce premier graphique du niveau 850 hPa, on remarque que lorsqu'un mois tend à plus se réchauffer sur une station, le même mois tend à plus se refroidir (ou moins se réchauffer) sur l'autre station et inversement. C'est particulièrement visible sur le niveau 500 hpa où les courbes sont en déphasage quasi parfait. Ce phénomène est observé aussi bien dans la troposphère que dans la stratosphère.

Cela pourrait s'expliquer en partie (c'est une hypothèse) par des variations dans le placement des centres d'action (anticyclones et dépressions) qui régissent les flux sur l'Europe.

 

 

 

5) Informations complémentaires pour l'île de France avec la station de Paris Montsouris (sur les plus anciens relevés il ne faut pas négliger le fait que le matériel était peut-être moins précis qu'il ne l'est actuellement)

a) Évolution des précipitations

Les cumuls annuels tendent à augmenter sur 1971-2000 à Montsouris avec +1.55mm par an soit +46.47mm sur 30 ans

En revanche la hausse est plus modérée sur 1901-2003:

 

b) Évolution de la pression au sol ramenée au niveau de la mer

La pression tend à diminuer sur 1971-2000 avec -0.35 hPa sur 30 ans.

En revanche sur la période 1958-2000 la courbe de tendance est orientée à la hausse. On remarque que les valeurs étaient nettement plus faibles avant 1970, ce qui explique la hausse.

 

c) Évolution de la température

Pas de surprise pour la T° au sol sur plus d'un siècle avec une courbe à la hausse (+1.75°C sur 103 ans). La cassure est nette et relativement durable à partir de 1988.

A 850 hPa, la hausse est plus faible sur la période 1950-2003 que sur la période 1971-2000. Cela s'explique par le fait que l'on ait des valeurs relativement élevées observées durant les années 50.

 

Conclusion:

Le réchauffement mondial, globalement constaté sur les stations au sol, est également visible sur une majorité de stations de radiosondage, sur toute la hauteur de la troposphère. Il est alors difficile d'affirmer que les effets d'îlots de chaleur urbains puissent se faire sentir sur les données des radiosondages. Cela pourrait peut-être être vrai sur les plus bas niveaux comme le 850 hPa, ça ne l'est très probablement pas au niveau 500 hPa et encore moins 300 hpa où l'air est très brassé, surtout dans le cas par exemple de la station de Trappes où le jet stream à 300 hPa, qui arrive souvent à quelque centaines de kilomètres par heure sur la zone en provenance de l'Atlantique et de l'Amérique, effacerait l'effet ultra localisé de l'îlot urbain parisien.

L'étude se base sur 30 ans, c'est assez court, néanmoins les hausses constatées par endroit sont assez importantes, même très importantes:

A 850 hPa la palme revient à Trappes (+1.05°C) suivie de Fairbanks (+1.00°C).

A 500 hPa le chiffre le plus élevé est relevé à Broome (+1.58°C).

Certes le réchauffement n'est pas observé partout et il y a effectivement des zones de refroidissement, elles apparaissent minoritaires.

Nous en revenons au même problème: quelle est la cause de ce réchauffement avéré et prouvé? Activité anthropique? Variation naturelle, par rapport à l'activité solaire? Mélange des 2? Autre cause? Un indice important est le refroidissement de la stratosphère qui selon plusieurs études serait lié à l'augmentation des gaz à effet de serre, mêmes gaz qui ont un effet réchauffant pour la basse atmosphère. Quoiqu'il en soit, le but de cette étude n'est pas de démontrer que le réchauffement est avant tout lié à l'Homme ou non, mais de faire prendre conscience qu'effectivement il y a de nets changements climatiques qui nous concernent sur d'assez courtes échelles de temps.

La Terre a déjà connu une multitude de variations de température depuis des millénaires, dont certaines ont été plus importantes et plus rapides que ce que l'on observe actuellement, ce qui amènerait à relativiser. La modification qui est intervenu et qui change la donne est d'ordre démographique avec une occupation de l'espace toujours plus importante par l'Homme. Espace gagné sur les littoraux en majorité, dans les vallées, également en montagne. Autant de milieux qui répondent rapidement (relativement) et de manière très visible aux changements des conditions climatiques: hausse du niveau marin (par fonte mais surtout dilatation), variations dans les précipitations (inondations, sécheresses), recul des glaciers, neige qui devient plus ou moins abondante en montagne (effet sur les économie basées sur le tourisme). Auparavant, au temps où par exemple les Solutréens ont été les premiers Hommes à conquérir l'Amérique en provenance d'Europe (en longeant la calotte glaciaire du pôle nord qui descendait très au sud sur l'Atlantique, avec des techniques de navigation proches des Inuits; théorie discutée avec celle des Clovis par l'Alaska) lors de la dernière grande glaciation (Würm, -18000 ans environ), les Hommes n'hésitaient pas à se déplacer en fonction de l'évolution du climat, ils fuyaient face à l'avancée du froid, regagnaient du terrain là où la végétation et la faune en regagnaient également pendant les phases de réchauffement. A ces époques le nomadisme était majoritaire. Mais au fil du temps, la culture des Hommes s'est développée et notre espèce s'est peu à peu affranchie de la "sélection naturelle" en se sédentarisant. Nos sociétés n'acceptent plus d'être dérangées par les aléas climatiques. Donc, que le réchauffement soit majoritairement d'origine humaine ou non, que l'on arrête de crier au loup et de prévoir des scénarios catastrophes qui à l'échelle de la planète et des temps géologiques ne sont que de petites évolutions. Le problème de la pollution atmosphérique engendrée par les rejets de nos industries et moyens de transport sont à mon avis plus important que l'effet que ces mêmes rejets pourraient avoir sur notre climat.

 

Ce dossier pourra être complété prochainement.

Étude réalisée par Mathieu Barbery, mise en ligne en mars 2004.

Mathieu Barbery

Sites:

http://www.ncdc.noaa.gov/oa/ncdc.html

http://weather.uwyo.edu/upperair/

http://www.knmi.nl/samenw/eca/index.html

http://www.lameteo.org

 

Page: 1  2  3  4  5  6  7  8

Sommaire