Épisode cévenol des 8 et 9 septembre 2002.

 

Dimanche matin, départ à 8h de l'Oise. Curieusement j'ai passé une très bonne nuit. Je termine les derniers préparatifs, vérifie que je n'ai rien oublié. Une telle chasse ne s'improvise pas et il faut emporter un minimum d'affaires. Voici notamment ce que j'ai pris (liste non exhaustive): téléphone avec chargeurs secteur et voiture, carte de France (type Guide de la route), cartes IGN de la région où l'on va avec une échelle d'au moins 1 cm pour 1 km, c'est indispensable (!!!), vêtements de rechange, chaussures de rechange (prévoir des chaussures légères, qui peuvent se retirer sans les mains), vêtements de pluie, lampe torche assez puissante, nourriture, eau...

Je n'ai pas lésiné sur les affaires, je m'attendais au pire. Il faut être prévoyant, cela peut nous faciliter la vie en cas de problèmes...

Au départ de Rantigny, le ciel était couvert, j'ai eu de la pluie liée au front qui circulait plus à l'ouest après le passage de Paris. Ensuite en arrivant en Bourgogne en fin de matinée le ciel était peu nuageux et il faisait très bon. A la mi-journée je me trouvais vers Chalons sur Saône et je pouvais voir d'assez gros cumulus se développer sur le Morvan. Le ciel s'est ensuite recouvert pour être totalement bâché une fois arrivé à Lyon. Durant le trajet, je me posais sans cesse les questions "que vais-je avoir?, est ce que je ne suis pas parti pour rien?". Un passionné de météo se pose souvent ces questions lors d'une chasse.

Voici maintenant l'analyse de la situation avant mon départ, le dimanche 8 à 00h TU:

La dépression présente sur les îles britanniques pilote un front ondulant s'étirant de la Scandinavie au Portugal. Ce front apporte des pluies assez marquées sur l'ouest de la France. A l'avant, la masse d'air se déstabilise et les orages se forment, favorisés par le reliefs des Cévennes. 

Voici un schéma simplifié fait par Météo France:

Une dépression principale présente au nord-ouest de la France pilote la situation. Autour de ce minimum circulent des dépressions d'altitude secondaires (anomalies de tropopause). Des talwegs d'altitude (air plus froid) se forment et surplombent une masse d'air chaude et humide en basse couche, provoquant un soulèvement de celle-ci par conflit. Le soulèvement est amplifié par les Cévennes. L'humidité se condense et il pleut. La Méditerranée fournit l'eau, les Cévennes bloquent tout, voila la configuration de cet épisode cévenol.

Définition d'un épisode cévenol: situation météo durant laquelle soufflent des vents de sud chargés d'humidité venus de Méditerranée en direction du relief du sud du Massif Central (Cévennes) où se déversent de fortes quantité d'eau. Mais le terme d'épisode cévenol est quelque peu entré dans le langage courant et maintenant on l'emploie pour désigner des situations à fortes pluies dans le sud-est de la France, sans qu'il y ait directement influence du relief des Cévennes.

Revenons à mon approche sur la région: après Lyon, le vent de sud soufflait de plus en plus fort. J'estime que les rafales dépassaient les 60 km/h. J'écoutais la radio d'autoroute pour éventuellement avoir des informations météo sur ce qu'il se passait plus au sud. De forts orages étaient effectivement déjà signalés entre Nîmes et Orange. A ce moment là je me trouvais au nord de Valence. Avec ces orages qui éclataient déjà, j'avais peur qu'il n'y ai plus rien en arrivant sur place. Généralement les orages ne restent pas au moins 2 heures sur la même zone dans ma région, mais là, au pied des Cévennes, ce n'est pas la même chose... Il a commencé à pleuvoir à partir de Valence. J'ai alors appelé un collègue de La Chaîne Météo pour avoir des renseignements sur la situation. Pas grand chose de nouveau, cela se passait jusqu'à maintenant comme prévu en gros. De fortes intensités étaient déjà en cours sur le Gard.

Voici une image satellite infra rouge prise ce dimanche à 12h TU (14h) source: www.sat.dundee.ac.uk:

Sur cette image on voit la perturbation présente du Portugal à la Norvège. Une boule blanche est présente à l'avant sur le Gard. Il s'agit d'un sommet nuageux assez froid correspondant aux premiers orages.

Pour voir une animation du radar de Nîmes le dimanche entre 8h et 15h locales, cliquez ici (environ 255ko). Sur cette animation on remarque que les orages s'organisent sur le Gard, des cellules nées en mer viennent se bloquer contre le relief des Cévennes. Sur la fin de l'animation, on peut voir qu'une ligne de fortes pluies est orientée sud-ouest nord-est, le long des Cévennes en fait. Là où les pluies persistaient, plusieurs dizaines de millimètres devaient déjà être relevés depuis le début de l'épisode.

Je poursuivais ma route vers le sud. J'ai eu droit à une forte averse dans la région de Montélimar puis le temps était redevenu plus calme. Le ciel était couvert, assez sombre avec de la pluie plutôt faible. Près d'Orange, j'ai quitté l'autoroute A7 pour prendre l'A9 en direction de Nîmes. Il était alors environ 16h. J'ai eu droit à une nouvelle forte averse. J'arrivais dans la région prévue, j'ai décidé de faire une pause sur l'aire de Tavel, située entre Roquemaure et Remoulins.

Je commence à citer des noms de lieux d'une région que vous ne connaissez pas forcément, voici pour vous repérer une carte miniature (cartes IGN Top 100 n° 59 et 66):

En cliquant ici, vous pourrez ouvrir une nouvelle fenêtre contenant cette carte afin de pouvoir l'avoir tout au long de la consultation de ce dossier.

Mathieu Barbery

   

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